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22 avril 2016 5 22 /04 /avril /2016 12:30
Terres d'abbayes

Au retour de la Moselle, visite de l’Abbaye d’Immerod suggérée à partir d’un panneau perçu sur l’autoroute de Prüm depuis des années.

Visite préparée par celle de Trèves où les façades baroques, les cloches, les jardins fleuris, les groupes d’enfants déclenchent une impression d’enchantement lors de la commémoration de la vie de St Martin de Tours.

Trèves -> Immerod -> Prüm -> Aachen, axe de pénétration du Christianisme en Europe du Nord, chemin direct ou en méandres, toujours là malgré les destructions dues à la guerre.

Axe de pénétration culturelle introduit par les abbayes qui profitèrent des pistes créées par les légions romaines.

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Pénétrés de l’unité entre toutes les choses, entre tout ce qui est, les moines pratiquaient le travail manuel, intellectuel, spirituel.

Il fallait vivre en des temps où l’immense savoir-faire des Romains avaient disparu, non sans laisser des traces.

L’instabilité exigeait l’instauration d’un nouveau paradigme.

Trèves - Immerod

Trèves - Immerod

De Trèves tout était possible. Les Romains avaient apporté les techniques pour maîtriser l’eau et les moyens de communication.

La Moselle relie Trèves à Coblence. Ses coteaux sont actuellement couverts de vignes dont l’origine remonte à Rome. En permanence une péniche remonte ou descend son cours, lentement comme pour ne pas déstabiliser le paysage.

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Le christianisme renforça le sens profond de la vie. Lui aussi avait expérimenté des techniques de vie. Solitude-contemplation-travail, soit le recueillement, la prière, la pensée et les pratiques manuelles pour faire vivre autour de soi.

Renovatio in melius, renouvellement pour le meilleur.

Au Nord de la Moselle, l’Eifel immense plateau boisé ou cultivé.

Les moines remontèrent le cours de la Salm, y trouvant l’espace adéquat pour utiliser l’énergie du torrent, le bois de la forêt, la pierre pour construire, le sol pour semer, le silence pour méditer d’où surgit la parole qui fait vivre.

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Les ordres prirent conscience de la relation entre les besoins des hommes et le maintien de l’environnement.

Cet environnement que l’on vient seulement de découvrir comme composante essentielle de la vie, cette réalité qui devrait unir tous les hommes et toutes les confessions.

Tout homme a besoin d’un paysage auquel il peut attribuer une identité. Celle-ci le possède comme une idée.

Une idée qui a un sens valant d’être sauvegardé. D’où une nécessaire protection. D’où des règles à observer dans tous les domaines. D’où ce manuscrit du 15è de Himmerod, mode d’emploi décrivant les lieux et dates de pêche.

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Toute réalité a une composante visible et une invisible. Mais il n’y a pas d’accord sur l’invisible. Cet invisible, c’est l’ensemble des relations qui du multiple fait de l’Un, suscite une identité. Que l’on perturbe un de ses éléments, et l’ensemble est déstabilisé ! Mais la vie est une aventure qui nécessite de la nouveauté comme condition d’adaptation.

Voici le temps des  luttes pour un ordre de vie adéquat, dit Hildegarde de Bingen (12è s). Cela peut être dit pour le temps présent, ce temps qui commence à écouter la voix de la terre.

Cela a été entendu par ces communautés de pionniers, les moines, qui ont œuvré pour vivre et faire vivre sur un espace disponible.

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Plusieurs communautés religieuses d’Europe se sont engagées sur la voie de l’écologie. Après tout, la Bible est un livre de vie !

« Vois : je mets devant toi la vie et le bonheur… », dit Moïse à son peuple.

« Choisis la vie » est le thème d’une session écologique de la communauté du Nord de l’Ardèche, le Foyer Marie Jean situé dans la splendide vallée de la Cance.

L’abbaye d’Immerod, seule abbaye d’Allemagne fondée directement par Bernard de Clervaux, aussi s’engage dans cette voie.

« Sans l’unité des choses il n’y aurait rien », dit Denis l’aréopagite. 

La Salm - Immerod

La Salm - Immerod

« Klosterlandschaft », paysage de monastère, expression particulière de « paysage culturel ».

Tout comme il existe des « paysages d’énergie », nombreux en Eifel.

Energie qui ne provient pas seulement du vent comme c’est souvent les cas maintenant avec les éoliennes, mais de l’eau.

L’environnement de l’abbaye d’Immerod a gardé l’identité que lui ont conférée les moines fondateurs. L’action civilisatrice dans la vallée de la Salm a laissé des traces qi restent en harmonie avec une région autrefois désertique. La nature y a fourni l’énergie de l’eau et du bois sans être dénaturée.

Les anciennes communautés cisterciennes d’Immerod possédaient un grand savoir en gestion de l’eau, par la construction de canaux, d’étangs, de moulins.

Le « paysage de monastère » est caractérisé par l’étroite symbiose entre la nature et la culture. Symbiose dont on prend particulièrement conscience aujourd’hui.

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Les abbayes formèrent des entités transculturelles qui anticipèrent l’Union Européenne.

Cela aussi est conforme à la conscience écologique.

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Des monastères restent aujourd’hui des centres de réflexion et de contemplation pour des communautés stables et de passage.

Refuges enfin pour qui ne parvient plus à subir un hédonisme prédateur.

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